Passage par le pont sur la Loire, le cavalier jeta quelques coups d'oeil par-dessus le muret du pont, sur les aménagements de l'ost orléanais. Essayant d'imaginer Boursiero parmi ceux-ci, alors qu'il venait de quitter Lyon où il était son second à la tête de la garnison...
Somme toute, la ville paraissait un peu semblable à celle de Lyon, qui elle était bordée par le Rhône.
Une fois la porte du rempart franchie, quand les gardes eurent contrôlé l'identité du baron, ils pénétrèrent dans la ville.
Faran, le cruel destrier frison recommença son petit manège, trottant comme un jeune poulain tout juste sorti des écuries un matin de printemps après un hivers trop long, de l'esbrouffe, Guidel soupira.
Cesse donc! Tu n'as personne à impressionner ici, cette fois nous ne jouterons même pas mon vieux. Je ne suis là que pour arbitrer...
Le cheval tourna légèrement la tête et jeta un regard torve au baron, lourd de reproches. A vrai dire, le Licorneux n'était pas tellement de meilleure humeur... Qu'avait-il donc fait d'accepter d'arbitrer ces joutes, lui qui affectionnait tant l'excitation des tournois, lorsque les regards noirs échangés se masquent derrière leur étau de fer mais qu'on les devine sans peine, lorsque les lances s'abaissent que la foule se tait, que le temps semble se ralentir quelques instants, lorsque les premiers martèlement sourds des sabots sur le sable répondent à la tension de tous les muscles du couple de l'homme et de son cheval, déjà parés à l'impact.
Guidel soupira à nouveau, alors qu'ils passaient la porte du chateau sans être inquiétés cette fois. Sans doute Orléans avait-il pris ses dispositions en donnant à la garde la description du baron de La Salle, ancien Dauphiné.
L'écuyer de la Licorne resta là, perché sur son cheval lui même planté au beau milieu de la cour du château, attendant qu'un garçon d'écurie vint au moins à sa rencontre pour prendre soin du destrier qui avait fait route depuis Lyon.